Messi, footballeur argentin ou espagnol ?
La puce atomique a bien du mal à devenir prophète en son pays. Ses compatriotes sont pourtant persuadés qu’avec lui, ils ont enfin trouvé le digne héritier de Diego Maradona. Chaque semaine, les Argentins se délectent des accélérations, des dribbles et des buts en pagaille de leur petit génie. Mais, à leur grand regret, le Messi de Barcelone n’est pas celui de la sélection Argentine. Et ça, ça les agace. Depuis ses débuts en équipe nationale, le 17 août 2005 contre la Hongrie, Lionel n’a que trop rarement été décisif. Et ça, ça les agace encore plus.
Les sélectionneurs ont beau se succéder, ni Pekerman, ni Basile et ni même Maradona n’ont réussi à le mettre dans des conditions idéales. Question : et si Lionel Messi ne s’était pas encore complètement adapté au football argentin ? Elle mérite d’être posée, car le lutin argentin a passé une grande partie de sa jeune vie en Catalogne. Il a quitté son Argentine natale à douze ans pour rejoindre Barcelone. Pendant que les Tevez, Higuain, Mascherano ou Di Maria apprenaient leur futur métier de footballeur dans les centres de formation du pays, Lionel Messi lui, était formé à La Masia, l’usine à talents du FC Barcelone.
Jusqu’à son arrivée en sélection, Messi n’avait jamais foulé les pelouses du pays et du continent. Il n’a jamais joué en première division argentine, n’a jamais goûté à l’ambiance d’un classico local, bouillant dans les tribunes et tendu sur la pelouse. Les dérapages y sont plus fréquents que lors d’un Barça-Real par exemple. Tout y est possible, tout y est permis. Lionel n’a jamais joué non plus un match de Copa Libertadores. Il n’est jamais monté à 3900 mètres d’altitude, par exemple, pour affronter le Real Potosi sur sa pelouse cabossée et devant ses supporters qui n’hésitent pas à lancer des pierres sur le terrain à la fin du match. Le football made in Amérique du Sud est un football à part, et Messi n'y a jamais été plongé.
Lorsqu’il débarque à Buenos Aires, Quito, La Paz ou Asuncion, la puce atomique découvre une ambiance et un football trop peu familier. Et bien souvent, il n’est là que pour 48 ou 72 heures et tout le monde lui demande d’être décisif et de faire la différence avec son pied gauche. Dur, dur… Mercredi dernier, Messi, une fois n’est pas coutume, a délivré les siens. C’est lui qui, à la 90e minute, a inscrit du pied gauche le but de la victoire contre le Brésil, le meilleur ennemi des Argentins. En quatre matches, Lionel n’avait jamais gagné contre le Brésil (3 défaites, 1 match nul). Et cela faisait 1641 minutes exactement, soit 7 matches, qu’il n’avait pas inscrit de but contre une sélection d’Amérique du Sud. Le hic dans tout ça, c’est que Messi a brisé ces séries noires au Qatar, à plus de 10.000 kilomètres de Buenos Aires.
De Buenos Aires à Ushuaïa, les Argentins sont persuadés que ce but va tout changer et qu’une nouvelle ère commence ; ça tombe plutôt bien, car l’été prochain, la Copa America se déroulera…. en Argentine. D’ici là, Lionel Messi peut bien inscrire autant de buts qu’il veut et tout gagner sur son passage (Liga, L.igue des Champions et Coupe du Roi), c’est cet été que ses compatriotes le jugeront. Une victoire et il serait enfin adopté. Enfin prophète en son pays.