Des quatre coins du monde les réactions fusent à l'annonce des désignations de la Russie et du Qatar pour organiser les Coupes du monde 2018 et 2022. Et diffèrent que l'on soit du côté des vainqueurs ou des perdants...
Ça n'a pas traîné. Dès l'annonce des pays hôtes des prochaines Coupes du monde 2018 et 2022, les langues se sont déliés. Entre cris de victoire et déceptions en tout genre, le spectre des émotions a sévèrement oscillé ce jeudi. Honneur aux grands vainqueurs, la Russie et le Qatar, Vladimir et les émirs. "La Russie aime le football et le pays a tout ce qu'il faut pour que le Mondial-2018 se déroule au meilleur niveau", a déclaré Vladimir Poutine, soulignant que cette décision honorait le pays. "Cela signifie qu'on fait confiance à la Russie, qu'on croit en ses capacités, bien que certaines installations sportives ne soient pas prêtes", a observé le Premier Ministre.
Même satisfaction du côté du Qatar évidemment : "C'est la première fois qu'un pays arabe, qu'un pays du Moyen-Orient sera hôte d'un Mondial. Cela montre que nous faisons partie du monde et pouvons contribuer de façon positive", a déclaré Ahmed ben Abdallah Al-Mahmoud, le ministre d'Etat qatari des Affaires étrangères. Cette victoire "n'est pas une question de taille ou de quantité, mais de qualité. Si vous comparez, vous allez vous rendre compte qu'il y a plusieurs petits pays qui ont fait des grandes choses pour la communauté internationale. Et c'est ce que nous voulons au Qatar", a-t-il ajouté. Zinedine Zidane, qui s'était joint à l'équipe chargée de défendre le dossier qatari, s'est dit "très content" de la désignation par le Comité exécutif de la Fifa de ce pays qui représente, selon lui, "le monde arabe qui émerge".
Les déclarations, on s'en doute, sont beaucoup moins euphoriques du côté des pays non retenus. Elles se traduisent par des messages de félicitions aux vainqueurs, de l'amertume, voire des sous-entendus lourds de sens ou encore de la colère. Grand battus pour l'organisation 2022, les Etats-Unis s'en tient pour le moment à un simple message leur président, qui a tenu à réagir à chaud avant une réunion de travail. "Je pense que c'est une mauvaise décision", a ainsi déclaré Barrack Obama. Il est vrai que la désignation du Qatar pour le Mondial-2022 intervient 14 mois après l'échec de la candidature de Chicago à l'organisation des jeux Olympiques d'été en 2016, ce qui avait été analysé par les observateurs comme un échec personnel de M. Obama.
"Le sport a perdu"
Les Anglais, donnés par beaucoup comme les favoris de 2018, accusent eux aussi le coup. Geoff Thomson, le président du comité de candidature anglais est sonné : "Je n'arrive pas à croire ce qui s'est passé et je suis naturellement très, très déçu. Les voix qui nous étaient promises ne se sont pas matérialisées. Je n'aurais jamais imaginé que nous puissions sortir au premier tour". "C'est désespérément triste, a quant à lui indiqué David Cameron, le Premier Ministre anglais. "Nous n'avons pas eu de Coupe du monde en Angleterre depuis ma naissance (octobre 1966, trois mois après la Coupe du monde organisée en Angleterre, ndlr). J'espérais que cela change, mais ce n'est pas pour cette fois".
D'autres représentants des nations battues se voulaient plus analystes : "La Fifa a décidé d'attribuer le Mondial à des pays qui n'ont jamais accueilli de compétition. C'est une option prise en fonction de nouveaux marchés", observe ainsi le secrétaire d'Etat portugais aux Sports, Laurentino Dias, dont le pays était candidat avec l'Espagne à organiser la Coupe du monde 2018. Marc Wilmots, lui, était beaucoup remonté. "Le sport a perdu", annonce d'emblée l'ancien international belge qui soutenait la candidature belgo-néerlandaise en 2018. "Ces deux désignations démontrent que la FIFA n'a absolument pas tenu compte des critères sportifs. Je me souviens du Mondial aux Etats-Unis où l'on nous avait fait jouer à Orlando à midi par 42 degrés à l'ombre. C'était impossible de courir. Ce sera la même chose au Qatar. On joue avec la santé des footballeurs et on ne tient pas compte de l'intérêt sportif. On me dit que les stades seront climatisés. Du football dans des bulles réfrigérées..." Les réactions, elles, sont toujours bouillantes.